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Permis à 17 ans : un cadeau mortel pour les jeunes ?

permis 17 ans

L’âge légal pour passer le permis de conduire sera de 17 ans à partir de janvier 2024, a annoncé Elisabeth Borne. Si la Première ministre soutient qu’il s’agit d’un “vrai plus” pour les jeunes en apprentissage, cette décision ne fait pourtant pas l’unanimité. Les accidents de la route constituent en effet la première cause de mortalité chez les jeunes âgés de 18 à 25 ans*.

Le passage du permis à 17 ans pose donc question et pourrait aggraver l’un des problèmes auquel font face les conducteurs novices : les tarifs exorbitants de leur assurance auto, les poussant parfois à conduire sans assurance.

Les 18-24 ans sont les plus touchés par les accidents mortels sur la route

Les statistiques sont alarmantes : avec un triste bilan de 549 personnes de 18 à 24 ans tuées sur la route en 2022, un jeune conducteur présente un risque 4 fois plus élevé* d’être impliqué dans un accident mortel.

Parmi les principales causes d’accident, l’alcool et les stupéfiants occupent une place préoccupante dans cette tranche d’âge. En effet, un accident mortel sur 4* est dû à un taux d’alcoolémie excessif et 21% des conducteurs contrôlés dans le cadre d’un accident mortel sont positifs aux stupéfiants**. Ces chiffres soulignent un enjeu de sécurité routière majeur chez les 18-24 ans et l’importance de la prévention pour endiguer ces comportements dangereux au volant.

Cette tranche de la population prend également plus de liberté avec les limitations de vitesse*. Leur manque d’expérience combiné à leur propension à prendre des risques les poussent ainsi à adopter des comportements imprudents, augmentant le danger pour eux-mêmes et les autres usagers de la route. Une conduite préjudiciable que les assureurs répercutent sur le prix de leur assurance auto.

Face à un tel bilan, l’abaissement de l’âge légal du permis de conduire à 17 ans soulève des inquiétudes légitimes et interroge sur les mesures à adopter afin de garantir la sécurité de tous.

Le coût prohibitif de l’assurance auto, véritable fardeau des jeunes conducteurs

Si le permis à 17 ans est aujourd’hui au cœur des débats, il met en exergue un problème majeur pour les conducteurs novices : le coût prohibitif de l’assurance auto chez cette frange de la population.

Les compagnies d’assurance considèrent en effet les jeunes conducteurs comme une catégorie à risque en raison de leur manque d’expérience sur les routes. Conséquence : elles appliquent une surprime à leurs cotisations afin de compenser ce risque plus élevé. Avec des primes pouvant atteindre 1000 euros par an, les jeunes sont contraints de supporter ce fardeau financier pour circuler en toute légalité. 

C’est là que le bât blesse : les conducteurs novices sont nombreux à opter pour une conduite sans assurance, prenant ainsi des risques considérables. Le FGV (Fonds de garanties des victimes), chargé d’indemniser les victimes des accidents de la circulation dont le responsable n’est pas assuré, estime ainsi que 800 000 personnes roulent sans assurance en France et 61% ont moins de 35 ans.


Et gare aux jeunes qui se déclarent en tant que conducteur secondaire sur la voiture de leurs parents afin de payer moins cher leur assurance auto. Cette pratique, bien que courante, peut aussi avoir des conséquences dramatiques si le second conducteur est en réalité le principal utilisateur du véhicule. En cas d’accident responsable, l’assureur pourrait accuser son client de fausse déclaration et refuser d’indemniser les tiers impliqués. Résultat : une dette à vie à verser à la victime.

Des discussions en cours pour rendre accessible l’assurance auto

Avec un permis de conduire obtenu en moyenne à 22 ans aujourd’hui, cette mesure répond-elle à un véritable besoin chez les jeunes ?

Baisser l’âge du permis à 17 ans pourrait s’accompagner d’un regain de prudence chez les assureurs, avec une prime d’assurance toujours plus élevée chez les jeunes conducteurs. Il est donc crucial de réfléchir dès maintenant à des solutions pour réduire le coût de l’assurance auto chez les jeunes afin de favoriser une conduite légale et responsable sur les routes. 

Certains acteurs ont entrepris des démarches en ce sens, comme le FGAO (Fonds de Garanties des Assurances Obligatoires de dommages) qui souhaite s’attaquer au “véritable fléau” que représente “la non-assurance routière”. Afin de limiter le nombre de conducteurs novices en défaut d’assurance, le Fonds de garantie des victimes a donc présenté un plan d’action à Paris afin de rendre l’assurance auto moins chère et donc abordable pour tous.

*données recueillies sur securite-routiere.gouv

**d’après l’ONISR (observatoire national interministériel de la sécurité routière)

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