Lancia Thesis : présentation, fiabilité et assurance de la berline de luxe

L’histoire et le design atypique de la Lancia Thesis

Si la Lancia Thesis fascine autant les collectionneurs aujourd’hui, c’est parce qu’elle est née d’une volonté farouche de redonner à l’automobile italienne ses lettres de noblesse. Elle ne ressemble à aucune autre, et c’était précisément le but.

source : photo by Giovanni Colombraro – Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=175394373

Du concept Dialogos à la série

La genèse de la Thesis remonte à la fin des années 90, une époque où Lancia cherche à renouer avec le luxe d’antan incarné par les mythiques Aurelia et Flaminia. Tout commence avec le concept-car Dialogos, dévoilé au Salon de Turin en 1998. Avec ses portes à ouverture antagoniste (sans montant central) et son habitacle épuré, il pose les bases de ce qui deviendra le futur vaisseau amiral de la marque.

L’histoire de la voiture prend une tournure quasi divine en 2000.

Une version unique dérivée du concept, baptisée Lancia Giubileo, est spécialement fabriquée pour le Pape Jean-Paul II. Cette limousine landaulet (découvrable à l’arrière) servira de “Papamobile” lors des célébrations du Jubilé.

C’est cette validation spirituelle et médiatique qui ouvrira la voie à la production de série de la Thesis en 2001, conservant l’esprit baroque du concept initial.

Un style néo-rétro clivant

Dessinée par le designer américain Michael Robinson, la ligne de la Lancia Thesis a divisé l’opinion dès sa sortie.

On l’adore ou on la déteste, mais elle ne laisse personne indifférent. Son style, qualifié de “néo-rétro”, tourne le dos à l’agressivité des berlines allemandes pour privilégier une élégance statutaire et douce.

• La face avant : elle se distingue par une calandre monumentale en forme de blason qui remonte haut sur le capot, encadrée par des optiques en losange, rappelant les Lancia des années 30.
• La signature arrière : c’est sans doute l’élément le plus novateur. La Thesis fut la première voiture de série à intégrer des feux arrière verticaux ultra-fins à LED. Ces “lames” lumineuses, bijoux de technologie pour l’époque, lui confèrent une signature nocturne unique et futuriste, tranchant avec le classicisme de la proue.

Ce design hors normes, couplé à des dimensions imposantes (4,88 mètres de long), en fait aujourd’hui un véhicule à forte personnalité, très recherché par les amateurs de design italien.

Confort et innovations technologiques : un salon roulant

Si la Thesis n’a jamais cherché à battre des records de vitesse sur circuit, elle excelle dans un domaine bien précis : l’art de voyager. Lancia a conçu cette berline non pas comme une voiture, mais comme une extension du salon familial, privilégiant une atmosphère feutrée et une isolation totale du monde extérieur.

L’intérieur et la qualité de finition

Monter à bord d’une Lancia Thesis, c’est entrer dans un univers de haute couture italienne.

Loin de la froideur clinique des standards allemands du début des années 2000, l’habitacle de la Thesis joue la carte de la chaleur et des matériaux nobles.

La qualité de finition est, encore aujourd’hui, surprenante pour un véhicule de cet âge :

• Les matériaux : la planche de bord et la console centrale font appel au magnésium, mais c’est surtout l’habillage qui impressionne. De série ou en option selon les finitions, on retrouve de l’Alcantara de haute qualité ou le somptueux cuir Nappa de Poltrona Frau, le célèbre maître sellier italien.

• Le bois véritable : oubliez les plastiques imitation bois. La Thesis intègre des inserts en bois véritable à pores ouverts (non vernis), offrant un toucher naturel et une esthétique chaleureuse.

• L’équipement pléthorique : climatisation multi-zone sophistiquée, stores électriques arrière, et sièges massants/ventilés faisaient partie de la dotation pour garantir un bien-être absolu aux passagers.

La suspension pilotée Skyhook

L’argument de vente majeur de la Thesis résidait dans son comportement routier, dicté par une innovation technologique majeure : le système Skyhook.

Développée en collaboration avec Mannesmann-Sachs, cette suspension pilotée semi-active fonctionne sur un principe simple à comprendre mais complexe à réaliser…

Le concept

Le nom “Skyhook” signifie littéralement “crochet au ciel”.

L’idée est que la voiture doit se comporter comme si elle était suspendue à un crochet virtuel dans le ciel, restant parfaitement stable et à plat, quel que soit l’état de la route en dessous.

Le fonctionnement

Une batterie de capteurs analyse en permanence (plusieurs milliers de fois par seconde) les mouvements de la caisse et des roues.

Le système ajuste alors instantanément la dureté de chaque amortisseur de manière indépendante.

Le résultat

La voiture “efface la route”.

Les nids-de-poule et les irrégularités sont absorbés avec une efficacité redoutable, isolant les passagers des secousses. C’est ce qui donne cette sensation unique de “tapis volant” caractéristique de la conduite en Lancia Thesis.

Motorisations et performances

Sous son capot imposant, la Lancia Thesis abrite des mécaniques à l’image de son standing.

Si le poids conséquent de la berline (près de 1 800 kg) ne favorise pas la sportivité pure, les motorisations proposées offrent une souplesse remarquable, indispensable au confort de conduite.

Les moteurs Essence : du 5 cylindres au prestigieux V6 Busso

Pour les puristes et les collectionneurs, c’est vers l’essence que le choix se porte naturellement, malgré une consommation souvent élevée.

• Le 2.4L 5 cylindres (170 ch) : entrée de gamme mélodieuse, ce moteur offre une sonorité typique, bien que parfois un peu juste pour des relances vigoureuses sur autoroute.

• Le 2.0L Turbo Soft (185 ch) : une curiosité fiscale (conçue pour éviter les taxes italiennes sur les gros moteurs), rare en France, mais offrant un bon agrément grâce au turbo basse pression.

• Le V6 “Busso” (3.0L 215 ch et 3.2L 230 ch) : c’est le Graal de la gamme. Emprunté à Alfa Romeo, ce V6 (surnommé “Busso” du nom de son ingénieur Giuseppe Busso) est considéré comme l’un des meilleurs moteurs du monde pour sa sonorité métallique envoûtante et son esthétique (pipes d’admission chromées). La version 3.2L, arrivée en fin de carrière, transforme la Thesis en une grande routière souveraine, capable de croiser à haute vitesse dans un silence impérial.

Les moteurs Diesel JTD : les plus répandus en France

Sur le marché français de l’occasion, la grande majorité des Thesis sont équipées du bloc 5 cylindres 2.4 JTD.

Réputé pour sa robustesse, ce moteur “Common Rail” sied parfaitement à la philosophie de la voiture grâce à son couple généreux.

On distingue trois évolutions majeures :

• 2.4 JTD 150 ch (10 soupapes) : présent sur les premiers millésimes. Fiable et simple, mais un peu rugueux et bruyant à froid.

• 2.4 JTD Multijet 175 ch (20 soupapes) : le meilleur compromis. Apparu vers 2003, il apporte la technologie Multijet qui réduit le bruit et la consommation tout en offrant des reprises vigoureuses. C’est la version la plus homogène.

• 2.4 JTD Multijet 185 ch : l’ultime évolution (dès 2006), équipée d’un filtre à particules (FAP) de série. Il offre un agrément de conduite très proche du 175 ch mais permet de respecter des normes de pollution plus strictes (Euro 4).

La plupart de ces blocs, essence comme diesel, sont accouplés à une boîte automatique Aisin à 5 rapports (Comfortronic), douce mais lente, qui privilégie la coulée tranquille aux passages de rapports éclairs.

Fiabilité et points de vigilance avant l’achat

Acheter une Lancia Thesis aujourd’hui, c’est un acte de passion qui demande de la lucidité.

Si les blocs moteurs (le “cœur” de la voiture) sont réputés très endurants, capable de dépasser les 300 000 km sans encombre, c’est l’environnement périphérique qui peut transformer le rêve en cauchemar financier.

Voici les points qu’il faut absolument vérifier.

Les problèmes électroniques courants

La Thesis est une “enfant du multiplexage” du début des années 2000.

Elle embarque une quantité phénoménale d’électronique pour l’époque, et c’est son principal talon d’Achille.

• Le système Connect Nav+ (NIT) : c’est le cerveau de la voiture (écran central). Il gère la radio, le GPS, le téléphone et l’ordinateur de bord. La lentille CD lâche souvent, mais pire, la carte mère peut griller, entraînant un écran noir. Testez absolument toutes les fonctions lors de l’essai.

• Le frein à main électrique (EPB) : une innovation précoce qui connaît des ratés. Le message “EPB Fault” est la hantise des propriétaires. Cela peut venir d’une batterie faible (la Thesis en possède deux : une principale et une auxiliaire pour les services), d’un bouton de commande défaillant ou des étriers arrière grippés.

• Les témoins d’alerte : un tableau de bord “sapin de Noël” (airbag, suspension Skyhook) est fréquent. Parfois, c’est juste un connecteur oxydé sous un siège, mais cela nécessite un diagnostic valise précis.

La boîte automatique Aisin

La majorité des Thesis sont équipées de la boîte automatique Aisin AW55-50 à 5 rapports.

C’est une boîte fiable, à une condition stricte : l’entretien.

• Le mythe du “graissage à vie” : Lancia ne préconisait pas de vidange à l’époque, et c’est une erreur.
• La réalité : une vidange de boîte est impérative tous les 60 000 à 80 000 km.
• Le test routier : si vous ressentez des à-coups (particulièrement au passage 2ème-3ème) ou un patinage excessif à chaud, fuyez ou négociez fortement le prix. Le remplacement du bloc hydraulique coûte cher (plus de 1 500 €).

Disponibilité des pièces détachées

C’est le point qui inquiète le plus les assureurs et les propriétaires.

Pour la mécanique, aucun problème majeur. Les pièces moteur (JTD ou V6) sont communes avec Alfa Romeo et Fiat. On trouve tout facilement sur les sites de pièces auto classiques.

En ce qui concerne la carrosserie et l’accastillage, c’est plus compliqué. Un phare avant, un feu arrière à LED, une calandre ou une baguette chromée sont devenus introuvables en neuf.

Il est donc nécessaire de se tourner vers le marché de l’occasion (eBay, casses spécialisées) ou les clubs de passionnés (Lancia Club).

Avant d’acheter, assurez-vous que la voiture est complète esthétiquement.

Quel prix pour une Lancia Thesis d’occasion ?

Victime d’une décote vertigineuse durant ses premières années, la Lancia Thesis est longtemps restée une bonne affaire incomprise.

Aujourd’hui, elle entre progressivement dans le monde de la collection (Youngtimer), et sa cote commence à se stabiliser, voire à grimper pour les plus beaux exemplaires.

Le marché est actuellement divisé en trois catégories distinctes.

1 500 à 3 000 € : les “roulantes” à risques

À ce prix-là, vous trouverez souvent des modèles diesel (2.4 JTD 150) avec beaucoup de kilomètres au compteur (plus de 250 000 km) ou présentant des défauts électroniques affichés (voyants allumés, GPS HS).

C’est un pari risqué, réservé aux bricoleurs avertis ou à ceux qui cherchent une banque de pièces.

3 500 à 7 500 € : le cœur du marché

C’est la fourchette raisonnable pour acquérir une Thesis saine.

Vous pourrez viser une version 2.4 JTD de 175 ou 185 ch (finition Emblema) avec un historique d’entretien limpide, une distribution à jour et un kilométrage raisonnable (entre 120 000 et 180 000 km).

À ce tarif, l’intérieur doit être propre et l’électronique fonctionnelle.

8 000 à 15 000 € (et plus) : le territoire des collectionneurs

Ici, on ne parle plus de simple occasion, mais d’investissement.

Cette fourchette concerne les V6 Busso (3.0 ou 3.2) en état concours, avec moins de 100 000 km.

Les éditions limitées (comme la Centenario ou les versions bicolores) peuvent même dépasser ces montants si l’état est irréprochable.

Conseil avant d’acheter

Ne vous laissez pas aveugler par un prix d’achat bas (2 000 €).

Sur une voiture de ce standing technologique, une remise en état (amortisseurs Skyhook, distribution, boîte auto) peut rapidement coûter le double du prix d’achat.

Il vaut souvent mieux payer 2 000 € de plus au départ pour un modèle suivi par un passionné.

Assurance Lancia Thesis : combien ça coûte et quelles garanties choisir ?

Assurer une Lancia Thesis est un paradoxe.

D’un côté, c’est une voiture ancienne (la valeur à dire d’expert est souvent basse), ce qui tire les prix vers le bas.

De l’autre, c’est une berline complexe avec des pièces de carrosserie onéreuses, ce qui peut effrayer certains assureurs.

Les facteurs qui influencent la prime

Contrairement à une citadine classique, le tarif d’assurance d’une Thesis varie fortement selon la motorisation choisie.

La puissance fiscale est le critère numéro 1. Vient ensuite la rareté des pièces : les assureurs savent qu’un simple choc avant peut coûter très cher en réparations (capot en aluminium, calandre, optiques).

Le profil du conducteur et son bonus sont également des critères à prendre en compte dans le calcul du coût de l’assurance.

Formule et garanties recommandées

Le choix d’une formule Tiers ou Tous risques dépend essentiellement de la valeur vénale du modèle et de son usage.

Le Tiers simple n’est pas conseillé car pas assez protecteur pour cette voiture de collection.

Le Tiers intermédiaire, qui compte les garanties vol, incendie et bris de glace, peut être un choix judicieux pour une voiture achetée entre 3 000 et 5 000 €.

⚠️ Point crucial : le bris de glace. Vérifiez impérativement que votre contrat couvre les optiques de phares avant et arrière (et pas seulement le pare-brise). Un feu arrière de Thesis à LED est une pièce rare qui coûte une fortune. Si votre contrat ne le couvre pas, la facture sera pour vous.

Enfin, la formule Tous risques est recommandé pour les V6 et les modèles “concours”, avec une valeur élevée. Pensez à faire expertiser le véhicule pour figer sa valeur auprès de l’assureur.

Quel que soit votre choix, l’assistance 0 km est indispensable au vu des caprices électroniques potentiels (batterie qui se vide, frein à main bloqué…). Le remorquage d’une voiture de 1,8 tonne peut vite coûter cher sans cette garantie.

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Conclusion : faut-il craquer pour la Thesis ?

La Lancia Thesis n’est pas une voiture que l’on achète par hasard. C’est faire le choix de rouler dans une automobile à la personnalité débordante.

Si vous êtes prêt à pardonner ses quelques caprices électroniques et à lui offrir l’entretien rigoureux qu’elle mérite, elle vous le rendra au centuple avec un confort royal et une ambiance “dolce vita” unique. C’est certainement un futur collector à saisir maintenant, tant que les prix restent accessibles.

Attention toutefois : gardez en tête que le prix d’achat n’est qu’une partie de l’équation. Entre l’entretien de la boîte automatique et les potentiels aléas électroniques, il est crucial d’optimiser vos coûts fixes.

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Questions fréquentes sur la Lancia Thesis