Assurance emprunteur : la garantie chômage est-elle vraiment utile ?
En juillet 2020, environ 2,4 millions de salariés du privé étaient au chômage partiel. De nombreux Français font ainsi face à une baisse de leurs revenus mais les propriétaires de biens immobiliers doivent continuer à rembourser leur crédit, ce qui peut rapidement devenir problématique. Si les banques acceptent l’allègement ou le report d’échéances de prêt, l’assurance emprunteur n’est quant à elle pas modulable. Alors, est-il intéressant de souscrire une garantie perte d’emploi pour se prémunir contre ce genre de situation ?
Mise au point avec Aurélie Kandin, conseillère chez Logic-Crédit, cabinet de courtage en assurance emprunteur.
La garantie perte d’emploi est-elle incluse dans tous les contrats d’assurance de prêt ?
Lorsque vous contractez un crédit immobilier, la banque exige que vous souscriviez une assurance emprunteur afin de sécuriser le remboursement du prêt. Ainsi, si vous n’êtes plus en mesure d’honorer vos mensualités (décès, invalidité), l’assurance prend le relai et rembourse votre prêt. Dans ce cadre, seules les garanties décès et PTIA sont obligatoires, auxquelles peuvent s’ajouter pour un achat résidentiel des garanties invalidité (notamment IPT et ITT).
L’assurance chômage ou perte d’emploi est quant à elle facultative. Son rôle est de prendre en charge vos échéances de crédit si vous faites face à une période de chômage. Une option intéressante sur le papier mais qui a en réalité un coût élevé, estimé entre 0,10 et 0,60% du capital emprunté.
“Le coût de l’assurance peut facilement doubler ou tripler si l’on souscrit la garantie perte d’emploi. Prenons l’exemple d’une femme de 28 ans, salariée, qui souhaite emprunter 200 000€ sur 20 ans. Sans la garantie perte d’emploi, ses mensualités pour l’assurance emprunteur s’élèvent à 15€. Avec cette garantie, elles sont de 56€. Si le coût de cette garantie est resté stable au fil des années, elle n’en demeure pas moins très chère” explique Aurélie Kandin, conseillère chez Logic-Credit.
Cette option est donc souvent considérée comme peu rentable par rapport aux bénéfices apportés.
“Si vous obtenez un crédit immobilier à 30 ans et que vous perdez votre emploi, il y a de fortes chances pour que vous retrouviez un travail dans les mois qui suivent, avant même que le délai de franchise ne soit révolu. Souvent, les personnes qui s’intéressent à cette garantie approchent de la cinquantaine et souhaitent se rassurer en cas de perte d’emploi, car retrouver du travail à cet âge-là peut être plus long et compliqué”, ajoute Aurélie Kandin.
Dans quels cas puis-je activer ma garantie perte d’emploi ?
Avec l’impact retentissant qu’a eu la pandémie sur le monde du travail et l’économie, il est légitime de se demander si cette garantie peut être actionnée en cas de chômage partiel : la réponse est non car la baisse de revenus temporaire n’est pas prise en compte. La garantie chômage de l’assurance de prêt n’est mise en jeu que dans certaines situations, strictement définies en amont par votre assureur.
En tant que salarié, cette protection ne s’applique que si vous subissez une perte d’emploi involontaire, c’est-à-dire un licenciement individuel ou collectif, ouvrant droit à des allocations de chômage de la part de Pôle Emploi. Vous ne pouvez donc pas recevoir d’indemnités dans les cas suivants :
- chômage partiel
- fin de CDD
- retraite ou préretraite
- licenciement pour faute
- licenciement par une personne avec laquelle vous avez un lien de parenté
- démission
- rupture conventionnelle
Et dans le cas où vous êtes éligible à l’activation de votre garantie perte d’emploi, il faut compter plusieurs mois avant que votre assureur ne prenne en charge vos échéances de crédit : c’est ce qu’on appelle le délai de franchise, période durant lequel les garanties ne peuvent s’appliquer.
Quant à l’indemnisation, elle est le plus souvent partielle, plafonnée et limitée dans le temps.
Dans les faits, souscrire une garantie perte d’emploi représente donc rarement un pari gagnant.
Quelles sont les solutions pour alléger mon budget immobilier ?
Le logement est le premier poste budgétaire des Français mais plusieurs recours existent pour l’alléger.
Premièrement, vous pouvez consulter votre banque pour baisser voire reporter vos échéances.
En cas de chômage partiel, vous pouvez ainsi demander un aménagement de votre remboursement de crédit immobilier : vos mensualités peuvent être totalement suspendues, en partie reportées ou simplement allégées. Une solution rapide à mettre en place auprès de sa banque et qui n’engage pas de frais supplémentaires. Elle ne concerne cependant pas l’assurance emprunteur, que vous devez continuer à payer.
Deuxièmement, vous pouvez regagner du pouvoir d’achat en changeant d’assurance de crédit.
Le changement d’assurance de prêt immobilier est gratuit et peut être effectué sous réserve que les garanties sont équivalentes ou supérieures à celle du contrat précédent. Cette option peut alors vous faire économiser jusqu’à 15 000€ sur le coût total du crédit.
“Nos clients pensent rarement à renégocier leur contrat d’assurance de prêt. En tant que courtier, nous avons un véritable rôle de conseil à jouer car les contrats manquent encore de lisibilité. Ces derniers mois, les assureurs ont fait des efforts pour alléger au maximum les formalités médicales pour permettre aux emprunteurs de faire plus facilement jouer la délégation d’assurance.” rappelle Aurélie Kandin.
Faire jouer la concurrence permet de souscrire une assurance emprunteur pas chère et mieux adaptée à votre profil.